Médecine, mon amour (vache)

19 Sep

Moi, Médecine, je t’aimais bien au début.

Tu m’as dit : tu ne dois pas fumer. Ca tombe bien je fume pas.

Tu m’as dit : tu ne dois pas boire. Ca tombe bien je bois pas.

Tu m’as dit : tu dois beaucoup baiser. Ca tombe bien j’aime bien baiser.

J’ai fait ce que tu as dit. Mais ça n’a pas bien marché.

Quandd la 1ère fausse couche arrive, on se dit que bon, c’est vrai, on en a entendu parler, ça arrive parfois. C’est pas de bol. C’est vrai ça fait chier que ça tombe sur moi, mais bon, faut bien une cible, hein. On regarde les stats, on voit que c’est assez fréquent finalement.

Et puis la 2è fausse couche arrive. Merde, là ça devient bizarre. Parce que les chiffres, ils disent que ça c’est + rare. Et que le risque de fausses couches augmente avec le nombre de fausses couches précédentes.

Au bout de 4, j’en arrive à la conclusion suivante : je fais partie des happy few. Enfin plutôt des unhappy few. Semblerait que les fausses couches à répétition (à partir de 3) concernent 0,3% des femmes. Putain, mais je suis une exclu mondiale presque !!

Evidemment, face à ce genre d’évènements, on est un peu paumé. Alors, tout naturellement, je me suis tournée vers la Médecine. Je lui ai donné toute ma confiance. Carte blanche, fais de moi ce que tu veux médecine obstétrique, je suis à toi.

Alors la Médecine, en la personne de mon médecin traitant adoré (mais pourquoi a-t-il fallu que vous partiez à la retraite, pourquooiiii ?), a commencé par être gentille avec moi en prenant les choses en main plus tôt que de coutume. J’ai fait les 1ers examens à la 2è FC, (à partir de 3 normalement). Médecine, tu m’as dit que j’allais bien. Je t’ai cru.

A ma 3è grossesse (enfin ma 4è si je compte Fiston), j’ai du aller voir un autre médecin pour me faire prescrire ma prise de sang. Une espèce de connasse (j’assume tout à fait ce terme) m’a répondu : « vous n’avez pas besoin de prise de sang, QUAND vous saignerez vous saurez que vous faites une fausse couche ». Comment ça QUAND ? Elle aurait pas pu dire SI ???  J’ai quand même été faire ma prise de sang, qui était bonne. Qui m’a donné les pires faux espoirs de ma vie.

Lorsque mon obstétricien me fait l’écho à 8 semaines et me dit que c’est un œuf clair, il ne dit quasiment rien. Il est gêné. Moi non plus je ne dis rien. Si je fais le moindre mouvement je vais me craqueler c’est sur. Devant ce qu’il prend pour un positivisme sans égal, il me donne une tape sur l’épaule et me dit « vous êtes brave ». Véridique.

Dis, Médecine, tu pourrais faire un peu plus de psycho ? Parce que là tu crains quand même…

Là tu vois, plus que jamais j’ai besoin de la Médecine. J’ai besoin qu’on me guide, qu’on me prenne par la main pour me dire quoi faire, parce que je ne peux plus raisonner, je tiens à peine debout.

Alors mon obstétricien ne dit « on va attendre 15 jours que ça parte tout seul », je dis d’accord. Et pendant 15 jours je porte ce qui est pour moi un bébé mort. Je veux que ce truc sorte de moi, je ne peux plus le supporter. Mais je suis docile et disciplinée.

Au bout de 15 jours, je reviens voir mon obstétricien qui me dit « vite, là on peut plus attendre, faut faire une aspiration ». OK. « Alors vite, allez à l’accueil vous enregistrer pour une intervention dès demain, faut réserver un bloc, une chambre en ambulatoire…. ». OK.

Mais je préviens pas mon mari d’abord ? On en parle pas ? Et y’avait pas une histoire avec des médicaments aussi ? J’avais prévu de faire la sortie avec la classe de Fiston demain c’est dommage on peut pas décaler ?

Sinon, Médecine, je t’avais demandé de me guider, pas de me pousser à coups de pied au cul !

Donc sans trop rien comprendre, je me retrouve allongée dans une salle d’opération gelée, les 4 fers en l’air, la charlotte sur la tête, et un grand monsieur qui me pique le
bras en me demandant de compter à l’envers… Et quand je me réveille il fait chaud mais j’ai froid, il est l’heure de manger mais j’ai pas faim. Je veux mon mari mais je suis seule. Je me demande comment j’en suis arrivée là…

Ce qui est marrant, Médecine, c’est que malgré tout, je t’aime quand même. Je t’aime tellement que je t’ai laissé continuer à jouer avec moi. Avec tous ces cachets que j’avalais (putain, et fallait pas se gourer hein, ma vie avec mon agenda pour prendre le bon cachet le bon jour du cycle). Avec les piqures que je prenais dans la cuisse (j’ai eu le choix avec le cul mais j’ai su conserver un peu de dignité et de respect de moi-même).

Tout ça pour en arriver à cet été, et les litres de sang que j’ai offert à ton autel.

J’ai décidé que y’en avait marre. Je t’aime de moins en moins médecine.

J’ai vu un collègue à toi, un ostéopathe. Très gentil. Bon il a rien pu faire pour moi, mais au moins il a eu la décence de me le dire rapidement.

J’ai vu aussi une psy. Là c’est moi qui ai coupé court, j’avais envie de parler de mes enfants pas de mes parents (‘tain ils ont quoi tous les psy à te parler de tes parents !)

Et dans 10 jours, je m’en remets encore à toi. Je vais passer encore un examen. Trois fois rien, juste une petite anesthésie générale, hop comme une lettre à la poste.

Je te préviens Médecine. Sois gentille avec moi, si tu me laisses tomber, je pense que je vais m’écraser.

7 Réponses to “Médecine, mon amour (vache)”

  1. instantdeparents septembre 20, 2012 à 10:41 #

    « Vous êtes brave » !! Que répondre dans ces cas là. Pauvre con ? Je suis triste de lire tes blessures que tu laisses à peine apparaitre. Accroche toi Crois y La médecine ne fera peut être pas la différence mais ton espoir le peut. Je penserai fort fort à toi dans 9 jours

    • moitoutetrien septembre 24, 2012 à 8:08 #

      Je m’accroche, merci. Vos messages de soutien m’aident bcp!!!

  2. To be or not to be PMA septembre 20, 2012 à 3:26 #

    😦

    Des gros bisous

  3. To be or not to be PMA septembre 20, 2012 à 3:29 #

    😦

    Gros bisous

  4. karynou septembre 24, 2012 à 7:56 #

    -__- Je penserai fort à toi dans quelques jours … Cette putasse de medecine !!! je vais dire à mes étoiles qu’il est temps d’agir … ❤

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